Gaëtan Charlot : Face à l’incertitude ambiante… l’entraînement toujours !
Alors que Gaëtan Charlot nous livrait quelques confidences de champion “confiné” il y a quelques mois, c’est toujours avec la même énergie qu’il appréhende cette période d’entraînement… sans compétitions ! Soutenu par l’équipe ErgoConcept dans son ascension aux côtés des meilleurs épéistes mondiaux (Escrime Handisport), il nous donne quelques nouvelles et partage son ressenti face à l’incertitude qui plane sur cette “reprise”.
Gaëtan, à l’annonce du confinement en mars 2020, tu avais un programme d’entraînement intense pour te préparer à une éventuelle qualification aux JO paralympiques de Tokyo, comment s’est passée la reprise ?
Si je devais résumer en 1 mot mon ressenti général sur cette période, je dirai : Incertitude !
En Mai, le déconfinement tant attendu permettait à beaucoup de reprendre une vie à peu près normale, cela n’a pas été mon cas puisque les cours en présentiel à l’INSA n’ont pas repris. De plus, toutes les compétitions déjà annulées du printemps/été 2020 n’ont pas été reprogrammées, et les gymnases et salles d’armes sont restés fermés jusqu’aux vacances estivales. Dur dur, je l’avoue d’essayer de s’entraîner quand tout est fermé.
Donc, pour moi, le feu restait au rouge. Seul changement: Un compte à rebours pour être prêt dès la reprise de septembre (Championnat de France Championnat du Monde U 23) et trouver un partenaire pour s’entraîner.
Alors… tu as pu trouver un partenaire ?
Oui, j’ai pris l’initiative de contacter un très bon tireur sur Bordeaux afin de lui proposer de le rejoindre pour tirer ensemble. Bingo ! il est dispo… Il a les clefs de la salle d’armes; on s’organise; l’info se propage et, de cet appel perso, emmerge l’occasion d’organiser officieusement, et en catimini, un regroupement collectif d’escrimeurs frustrés mais motivés.
On apprécie la joie de se retrouver et de retirer en attendant l’organisation d’un stage de reprise organisé par la Fédération à Troyes. Bon, il faut savoir que dans notre discipline entre le 14 juillet et le 20 août, tous les ans, c’est repos ; mais cette année, le repos, j’en ai plus que marre.
Comment se sont passées tes vacances d’été ?
Je n’ai pas pris de vacances cet été, hormis 5 jours à Nantes.
J’ai consacré l’été, comme tous les ans, à mon job en l’auto-école. C’était certainement la dernière fois car en 2021, je devrai être en stage dans le cadre de mon cursus à l’INSA.
Pendant cette période de travail, je me suis concrètement rendu compte du principal dégât collatéral économique du COVID : les conséquences de l’isolement obligatoire pour les “cas contacts”. J’ai vécu le phénomène dans l’entreprise; On est informé qu’un cas “anonyme” nous entoure (obligation légale apparemment), tout le monde doute, suspecte… qui c’est ? Une fois que le salarié est identifié il faut attendre de l’appel de l’ARS (Agence Régional de Santé) ; puis le test, puis son résultat. Au final, je n’ai jamais autant travaillé à l’auto école pour pallier au manque de personnel. Pour une dernière fois, cela aura été cocasse et intense…Tout ce que j’aime ; Cela m’a permis d’oublier un petit peu le manque d’escrime.
Et le sport ?
Pour autant, vous me connaissez, à défaut d’escrime j’ai quand même fait beaucoup de sport : tennis, kayak, fauteuil tout terrain. J’ai aussi fait une descente partant de la gare Bellevue du Tramway du Mont Blanc à 1800 mètres d’altitude jusqu’au parc thermal de Saint Gervais, une descente technique super agréable et 1300 mètres de dénivelés ! Que du bonheur !
J’ai même eu l’occasion de tester le seul parc accrobranche en France accessible aux personnes handicapées: Handibranche. Il est à Hauteville Lompses et j’ai été séduit par le concept imaginatif, ludique et complet de l’attraction. Je ne manquerai pas de le recommander ! Et pourtant, je l’ai fait sous la pluie,… difficile d’éviter les gouttes une fois lancé sur les tyroliennes.
L’été terminé, j’ai mis en place un programme d’entrainement pour la rentrée qui doit m’emmener au plus haut niveau, enfin, je l’espère.
Tu te sens prêt à affronter les prochaines échéances sportives ?
Oui, le confinement avait déjà été l’occasion pour moi d’expérimenter l’imagerie mentale, c’est-à-dire entraîner mon cerveau, en m’imaginant tirer ou en observant d’autres tireurs, afin d’améliorer ma gestuelle, ma coordination de mouvement et mon analyse en cours d’assaut.
Grâce à une séance hebdomadaire avec Claire CALMELS, chercheuse au laboratoire sport, expertise et performance de l’INSEP, j’ai vraiment adhéré à ce mode d’entraînement qui me permettra de progresser encore plus.
La diversité de mon entrainement et l’intensité et la variété de mes adversaires n’a jamais été aussi qualitative qu’en cette rentrée. J’espère vraiment, grâce à la mise en place de ce programme, atteindre un niveau de performance pour aller chatouiller le top 10 mondial… Reste à attendre dorénavant la restauration de compétitions pour juger de mon niveau après tant de mois d’inactivité.