Jacky Bebon : “Il faut changer le regard des gens sur le handicap”
Jacky Bebon est un fidèle utilisateur des fauteuils ErgoConcept, le premier a avoir testé le modèle Ergo 07 ! En quelques mois, il est devenu un partenaire privilégié de l’équipe. Inventif et astucieux, Jacky nous transmet de précieuses idées pour améliorer l’expérience des utilisateurs.
Comment avez-vous découvert ErgoConcept ?
Après de nombreuses recherches sur Internet ! Je cherchais un fauteuil électrique maniable facile à ranger dans le coffre de ma voiture. Quand j’ai repéré le Ergo 07, je n’ai pas hésité. J’ai contacté Ain Médical, mon fournisseur de Bourg-en-Bresse, qui m’a permis de l’essayer. Je suis tout de suite tombé amoureux, je l’ai adopté.
Pourquoi ?
J’ai compris que je pouvais retrouver mon indépendance ! Je me suis senti libre, la joie d’être enfin libre… Je n’avais plus besoin d’avoir quelqu’un en permanence pour me pousser, ou encore soulever le fauteuil quand ça ne passe pas. Je ne supportais plus le regard pesant des gens autour de moi. C’était trop dur. Et là, soudainement, j’ai réalisé que l’attention des autres ne se portait plus sur moi, mais sur mon fauteuil, l’air de dire, ils font des choses bien maintenant…J’ai d’ailleurs été amené à le conseiller autour de moi, car des personnes m’ont abordé pour savoir où je me l’étais procuré. Cela changeait tout pour moi !
Pourquoi avoir ensuite choisi le modèle Ergo 09 ?
Ma maladie a progressivement évolué et j’ai pris beaucoup de poids, jusqu’à 110 kg, il me fallait un fauteuil plus large pour être confortablement installé. J’ai pris la décision de tester le 09 et finalement, c’était encore mieux. Malgré ma corpulence, je m’y sentais bien car il est plus costaud, et j’avais une meilleure aisance pour rouler sur les chemins et monter les trottoirs de plus 5 cm.
Pour mon épouse aussi, tout a changé. On a retrouvé l’envie d’aller en ville. Cela faisait presque 10 ans que je n’étais plus très motivé par les balades, à cause du regard des gens, …ce regard qui tue trop ! Et là, on a commencé par aller une journée complète au parc de la Tête d’Or, et puis tout s’est enchaîné. On est parti en Corse où on a vécu un séjour phénoménal, puis en Sardaigne..tout ça, c’est le bonheur.
Vous avez aussi proposé des améliorations pour le modèle 09 ?
Oui, j’ai de nombreuses idées, j’adore bricoler, créer… on s’est très bien entendu sur ce point avec Martin Vernay, le directeur d’ErgoConcept. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois pour que je lui montre ce qui pouvait être perfectible. Par exemple, ayant un coffre de voiture assez haut, j’ai proposé de créer une anse amovible pour le modèle 09 qui permet de basculer le fauteuil sans avoir à se baisser ni à le soulever, ce qui peut être difficile quand a un handicap ou un mal de dos. C’est tout bête mais ça facilite la vie. Et il y a beaucoup d’autres choses en prévision, ma collaboration avec ErgoConcept se consolide…
Je tiens à dire que je suis vraiment content de rencontrer des gens avec lesquels je me sens entendu car c’est une chose trop rare aujourd’hui ! On fabrique sans tenir compte de l’avis des personnes handicapées, on les met dans le fauteuil et on ne se demande pas comment ça se passe après. Vendu!… c’est tout ce qui compte pour certains, et on ne se rend pas compte que ça ne vas pas aller. Je suis donc content de transmettre mes idées à une équipe qui en tient compte.
Un mot sur votre prothèse tribale ?
Justement c’est une prothèse que je voudrais que les gens regardent, j’y reviens, toujours ce rapport au regard…C’est ErgoConcept qui l’a financée et j’en suis ravi, ça me motive pour continuer. Il faut accorder de l’importance à l’esthétique du matériel médical. Chose qu’on ne fait pas en France. Je pense que l’avenir se trouve dans la création des objets en 3D, nous avons beaucoup de retard là-dessus par rapport au Canada. Pour le moment, je suis en train de voir pour faire une prothèse avec un motif incrusté, mais pas encore en 3D. Pourtant cela pourrait s’adapter sur tout, pour personnaliser son matériel. Il faut y venir !
Imaginez une jeune mariée, amputée, qui pourrait habiller sa prothèse au couleur de sa robe, la confiance retrouvée, épanouie le jour J. Idem, pour dans le monde du travail, pourquoi pas choisir une prothèse au motif de la société, ce qui serait une reconnaissance pour l’employeur ou la marque. Bref il y a plein d’idées à mettre en œuvre, en s’inspirant des techniques du tatouage par exemple…Il faut que ça évolue afin de changer le regard des gens sur le handicap, et je compte bien travailler avec ErgoConcept pour faire avancer mes idées.