Jeux Paralympiques : Médaille de bronze pour Nathalie Benoit !
Retour sur les Jeux Paralympiques avec le témoignage de notre partenaire Nathalie BENOIT, utilisatrice du fauteuil électrique BR7, qui a brillamment remporté la médaille de Bronze Para Aviron aux Jeux Paralympiques Paris 2024.
Comment s’est passée la préparation avant les Jeux Paralympiques ?
On fait une préparation à l’année sur toute Olympiade, il n’y a pas de changement à part l’augmentation des jours de stage. On part toujours une semaine par mois en stage et là à l’approche des Jeux Paralympiques, c’était plutôt 10 jours. Sauf sur les stages terminaux qui sont vraiment beaucoup plus longs. Après, c’est toujours la même chose, à la maison c’est 2 entraînements par jour, en stage c’est 3 fois par jour. On appelle ça des cycles de 3 jours. Ça, c’est à l’année, ce n’est pas spécifique à l’année des Jeux, c’est tout le temps. Et l’année des Jeux Paralympiques, il y a un peu plus de jours de stages.
Comment vous vous sentiez avant les Jeux Paralympiques ?
Je me sentais bien car au niveau matériel et technique, on avait tout affiné. Les derniers temps, j’ai essayé de nouvelles choses mais à la première course, je n’étais pas convaincue donc je suis revenue sur ce que je travaillais depuis des années : un cran de saut de cadence avec propulsion à chaque coup. Comme en vélo, soit on mouline plus avec moins de puissance, soit on fait moins de coups par minute mais il faut alors plus de force si on veut viser ce qu’on veut. Bref, sur ce point-là, j’ai un peu changé de tactique entre la première et la dernière course des Jeux Paralympiques. Mais sinon, je me sentais bien grâce à une bonne préparation. Comme à chaque épreuve, j’étais stressée mais maintenant je l’accueille en me disant que ça fait partie de la performance.
Vous avez pu participer à la parade olympique et fêter vos victoires ?
Étant tombée malade juste avant, je n’étais pas au meilleur de ma forme mais j’ai pu participer grâce au superbe BR7 qui m’accompagne. Si je devais rester debout ou avec le fauteuil manuel je n’aurais pas pu, c’est sûr
Comment votre fauteuil roulant électrique BR7 vous a été utile lors de ces Jeux Paralympiques ?
J’ai bien senti la différence par rapport à avant où je ne l’utilisais pas. Au niveau des stages, du village olympique, de la fatigue, c’était génial. Ne jamais avoir d’assistance, ça prend une énergie folle. Surtout que le village olympique était en pente donc à chaque fois il fallait descendre et remonter pour aller manger par exemple. Un jour, j’ai prêté mon fauteuil et passé la journée avec un manuel,… j’ai vraiment senti la différence.
Le fauteuil roulant électrique BR7 est un fauteuil avec une grande autonomie et confortable. En plus, il est assez classe donc on n’a pas l’impression de sauter dans un fauteuil de super handicapé. Il ressemble à un petit siège de bureau design qui se déplace, c’est vraiment un sentiment super sympa. Le fait de pouvoir utiliser différentes vitesses, c’est pratique aussi car on peut s’adapter à la vitesse de marche des personnes avec nous. Le fauteuil m’a bien arrangé, que ça soit pour la flamme, pour les stages, donc merci ErgoConcept pour l’aide.
Et maintenant comment ça se passe pour vous après les Jeux ?
J’arrête ma carrière de sportive, je suis dans le circuit depuis 2008 et c’était mes 3èmes Jeux. Je n’aurais plus le temps de me consacrer 3 entraînements par jour car je commence un nouveau travail en tant que chargée de projet handicap pour Aix-Marseille Université. C’est une grosse université avec 80 000 étudiants dont environ 3 000 sont déclarés en situation de handicap. Mon rôle sera de mettre en place tous les projets possibles qui permettront aux étudiants handicapés d’être les mieux intégrés possibles et qu’il n’y ait pas de différence que ce soit culturel ou sportif.
Quels conseils pourriez-vous donner aux futures générations pour atteindre un haut niveau sportif malgré un handicap ?
À part l’entraînement (et le fait de prévoir plus de temps pour les déplacements, les transferts etc.), très sincèrement, il n’y a pas de différence avec les valides. C’est le même investissement, la même hygiène de vie. Si vous faites des sports « cardio » comme le vélo, le triathlon, il faut éviter l’alcool, se coucher tôt, restreindre sa vie sociale… Dit comme ça, cela ne fait pas rêver mais ça apporte énormément lorsque l’on aime ça.
En gros, il faut être prêt à ce que l’effort soit le centre de sa vie pendant un petit moment et surtout passer beaucoup, beaucoup de temps à l’entraînement et être persévérant. Moi je n’appelle pas ça des sacrifices parce que ce sont des choix. J’ai mis un peu entre parenthèses ma vie sociale mais ça ne m’empêchait pas de voir des amis. Dans l’aviron, il y a beaucoup de plaisir, et c’est du sport passion de toute façon. Se lancer dans un sport de haut niveau sans être passionnée me paraît impossible étant donné l’investissement que cela demande.
Qu’est-ce qui vous passionne dans l’aviron ?
J’ai commencé à 27 ans l’aviron, avant je faisais du basket-fauteuil. Je ne marchais pas à cette époque, je passais d’un fauteuil à un autre mais j’étais enfermée dans un gymnase. C’était super ludique mais je voulais changer. Je voulais un sport de vie, parce que j’adore ça, et je cherchais aussi à sortir du fauteuil.
Dans ma région, à Marseille, il fait beau, il y a l’eau, la nature, c’est génial. Je cherchais à pratiquer un sport très technique et très physique en même temps. Il faut aimer cette dépense physique pour faire de l’aviron.
Il y a plein d’autres sports qui nécessitent moins de dépense physique mais qui sont tout aussi difficiles et demandent beaucoup plus de concentration. Si je peux donner un conseil, c’est important de choisir un sport en fonction de ses compétences, il y a des choses pour lesquelles on est plus doué que d’autre au départ. Il faut un combo entre ce qu’on aime et là où on a un peu des prédispositions.